À propos de mes polars parodiques

L’araignée est une fine mouche paraît aujourd’hui chez Nathan. À Entomopolis, une ville peuplée exclusivement d’insectes, Ursule la Tarentule, journaliste le jour, superhéroïne la nuit sous le masque de Superspider, mène quatre enquêtes avec son acolyte Magali la Fourmi.

Comme Le cachalot nage dans le potage et La carotte se prend le chou, publiés chez le même éditeur, c’est un polar parodique : un roman qui ressemble à un polar mais dont les protagonistes sont des caricatures de policiers, de voleurs et d’assassins. Dans les trois romans, les inspecteurs de police (respectivement Oscar le Cachalot, Charlie Brocoli et Gaston le Hanneton) ne sont pas très futés et leur intuition, leurs méthodes d’investigation, leurs raisonnements… laissent souvent à désirer.
Ci-dessous, le commissaire Hanneton croqué par Loïc Méhée.

superspider_commissaire-b0b53Si je parodie les romans policiers, c’est parce que je prends énormément de plaisir à en lire. Maurice Leblanc, Agatha Christie, Maurice Dantec, Jean-Claude Izzo, Thierry Jonquet, James Ellroy, Michael Connelly, Fred Vargas, Henning Mankell, Douglas Preston et Lincoln Child, et plus récemment Jean-François Parot, m’ont tenu éveillé quelques nuits. Eux et les policiers qu’ils ont mis en scène : Fabio Montale, Jean-Baptiste Adamsberg, Harry Bosch, Kurt Wallander, Aloysius Pendergast, Nicolas Le Floch…

Dans mes petits polars, la parodie tient aussi à la nature des personnages : des animaux marins dans Le cachalot nage dans le potage, des fruits et des légumes dans La carotte se prend le chou et des petites bêtes dans L’araignée est une fine mouche… Je leur donne la parole et leur fais vivre la vie qui est la nôtre : ils lisent le journal, conduisent des voitures et assistent à des combats de boxe, comme le montre la superbe illustration de Loïc Méhée, ci-dessous.

superspider_boxe-92066Enfin, elle tient au foisonnement de jeux de mots : c’est en quelque sorte la « marque de fabrique » de ces romans. Eh oui, je suis tombé dans les calembours quand j’étais petit ! Comme Obélix dans la potion magique. D’ailleurs, c’est sans doute avec Goscinny (Astérix), Franquin (Gaston Lagaffe) et Greg (Achille Talon) que j’ai pris goût aux jeux de mots. Bien avant de découvrir Alphonse Allais, Pierre Dac, Raymond Devos ou Bobby Lapointe.

Si, pour le lecteur, il s’agit d’enquêtes rigolotes mettant en scène des animaux (ou des végétaux) et saupoudrées de jeux de mots – j’ai conscience que parfois, tout le sucrier y est passé ! –, pour l’auteur que je suis, il s’agit d’un type d’écriture très particulier. Car le fond (en gros, l’histoire et les personnages) et la forme (en gros, les jeux de mots) s’influencent mutuellement tout au long du processus d’écriture.

Tout commence par le labour consciencieux du champ lexical propre au roman : les cétacés, poissons et autres animaux marins pour Le cachalot ; les fruits et légumes pour La carotte ; les insectes, arachnides et autres bestioles pour L’araignée. Je récolte ainsi un certain nombre de mots et d’expressions que j’utiliserai, si j’en ai l’occasion, à la fois au sens propre et au sens figuré. Au hasard : « le calmar a le bras long », « le crabe en pince pour la baleine » (Le cachalot) ; « le melon a des pépins », « l’orange est pulpeuse » (La carotte) ; « l’araignée est sur la Toile », « la limace en a bavé » (L’araignée). Ces premiers jeux de mots me permettent d’esquisser les personnages, de distribuer les rôles et même d’imaginer des péripéties.

Ainsi, si je prends l’exemple de La carotte se prend le chou, c’est en partant d’une expression que j’ai décidé de faire de Harry le Haricot l’assassin de ma première enquête : il finit par se faire prendre, c’est donc la fin du haricot. Une seconde expression m’a fourni le rebondissement : Harry tente de s’échapper, le commissaire Brocoli hurle à ses acolytes : « Courez sur le haricot ! » Enfin, une troisième m’a apporté la chute : Achille Carotte rattrape le haricot et le réduit à l’impuissance grâce à sa botte secrète, la fameuse botte de Carotte !

Au-delà des jeux de langue, je fais en sorte que mes personnages, aussi fantaisistes soient-ils, conservent un certain nombre de caractéristiques des espèces qui les ont inspirés : la pieuvre sera intelligente, le poisson-clown ne craindra pas les tentacules de l’anémone (Le cachalot) ; la mante religieuse sera tentée de se débarrasser de son mari, le pompile sera l’ennemi juré de la lycose (L’araignée). Je suis obligé de me documenter…

Au final, dans L’araignée est une fine mouche, mon dernier « opuce », les petites bêtes m’ont donc largement donné matière à jouer avec les mots et à créer des personnages hauts en couleur, à commencer par celui de Superspider, une araignée avec des superpouvoirs, mélange de Superman et de Spiderman !

Voici maintenant un avant-goût de mon nouveau roman, avec le « pitch », comme on dit à la télé, de la première enquête de Superspider, L’affaire de la Mante à l’eau.

L’éminent professeur Armand la Mante est retrouvé mort dans la piscine de sa villa. Le commissaire Gaston le Hanneton fait arrêter sa femme, Samantha, car la mante n’a pas l’air catholique. Mais pour Superspider, elle ne peut pas avoir assassiné son mari. L’araignée reprend l’enquête à son compte. Les Dalton, qui se sont évadés de prison, trempent-ils dans ce crime ?

Ça, vous le saurez en lisant L’araignée est une fine mouche. Quel suspense !