Interview sur le site Mes premières lectures

RENCONTRE AVEC EMMANUEL TRÉDEZ, UN AUTEUR DE TALENT
QUI AIME JOUER AVEC LES MOTS !
Par Laura (18 novembre 2016) 

Mes Premières Lectures : Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de Mes Premières Lectures ?
Emmanuel Trédez : Dans la famille auteurs, j’ai le profil de l’auteur-éditeur : pendant 17 ans, j’ai édité des livres documentaires chez Nathan (le jour) tout en écrivant des textes de fiction (la nuit). Aujourd’hui, je suis à mon compte, je consacre l’essentiel de mon temps à l’écriture, mais je continue à faire de l’édition en free-lance.
J’écris surtout pour le primaire et le début de collège : premières lectures, premiers romans, romans, selon la tranche d’âge. J’aime passer d’un univers à l’autre, d’un genre à l’autre, d’un format à l’autre…
Dans tous mes livres, d’une façon ou d’une autre, je joue avec les mots. Dans les deux ouvrages que vous avez chroniqués, les jeux de mots occupent une place à part : par leur profusion et par les interactions très fortes qu’ils ont avec les personnages et avec l’intrigue.

Mes Premières Lectures : Pourquoi un roman avec des oiseaux et des légumes ?
Emmanuel Trédez :
 Mon premier « polar parodique », Le cachalot nage dans le potage, paru en 2006 chez Nathan, met en scène des animaux marins ; j’y fais rimer « épaulard et polar ». La bonne réception du roman et l’immense plaisir que j’ai eu à l’écrire m’ont conduit à publier en 2008 La carotte se prend le chou, sur les fruits et les légumes. Puis en 2011 L’araignée est une fine mouche sur les petites bêtes (qui font bzz ou crrr). Et enfin en 2016, Le hibou n’est pas manchot sur les oiseaux.
Le principe est le même dans chaque livre, le style est sans doute reconnaissable, mais les personnages principaux sont très différents, les intrigues se renouvellent et le champ sémantique change radicalement.

Mes Premières Lectures : Comment une telle profusion de jeux de mots ont pu vous arriver à l’esprit lors de l’écriture de vos romans (ça ne s’arrête jamais !)
Emmanuel Trédez : C’est sans doute un don… ou une tare !? En tout cas, j’ai une certaine facilité et un certain plaisir à faire des jeux de mots. Dans ces romans, il y a une imbrication très étroite entre personnages, histoires et jeux de mots. Un jeu de mots peut m’inspirer un personnage (au nom de l’oie, je vous arrête ! m’a amené à faire de l’oie un commissaire de police) ou un personnage m’inspirer un jeu de mots (le melon est accusé d’avoir tué le citron, donc il a des pépins). Derrière la facilité apparente (il y a des jeux de mots subtils, d’autres moins !), il y a un travail d’écriture particulièrement compliqué.
Pour moi, le jeu de mots est la matière même de ces polars parodiques. Je veux surprendre le lecteur à chaque ligne !

Mes Premières Lectures : Y aura-t-il d’autres romans dans la même veine que La carotte se prend le chou et Le hibou n’est pas manchot ?
Emmanuel Trédez : L’araignée est une fine mouche et Le cachalot nage dans le potage, que j’évoque plus haut, vont ressortir en grand format, respectivement en février et en avril 2017. Toujours avec ces couvertures très fortes et de nombreuses illustrations. Elles seront signées Loïc Méhée (pour l’araignée) et Jess Pauwels (pour le cachalot).
Pour ce qui est des créations, je prépare quatre livres dans la série Mes Premières enquêtes chez Auzou (illustrations de Maud Riemann). Comme les deux premiers titres ont bien marché (Le Fantôme du château et Mystère au zoo), je poursuis les enquêtes d’Enzo (et son chien Max !). Dans cette série, chaque tome repose sur le décryptage de messages avec des jeux de lettres : rébus, anagrammes…

Mes Premières Lectures : Quel autre thème/sujet aimeriez-vous aborder ?
Emmanuel Trédez :
 La musique. J’aimerais proposer à Syros, après Le rêve fou de l’éléphant, une autre pièce de théâtre à jouer. J’aime bien le principe de cette collection : proposer des textes qui permettent à une classe de jouer une pièce courte dans laquelle chaque élève ait un rôle (il y a entre 20 et 30 personnages à distribuer).

Mes Premières Lectures : Autre chose à ajouter ?
Emmanuel Trédez : Je voudrais revenir sur un point important que vous mentionnez d’ailleurs dans votre chronique : la question de la tranche d’âge.
Huit ans, c’est un peu juste en effet pour bien apprécier La carotte se prend le chou ou Le hibou n’est pas manchot. L’enfant peut les lire, bien sûr, car je fais en sorte que les enquêtes se comprennent au premier degré, mais il passe à côté de la plupart des jeux de mots.
Il vaut mieux attendre un peu qu’il soit en âge de les apprécier. À moins qu’il ne partage, dès huit ans, ce moment de lecture avec un adulte ? Pour peu qu’ils aiment les jeux de mots, certains adultes pourraient y trouver leur compte, et les enfants aussi !